Gâteau à la châtaignes

Ingrédients (pour 6 personnes ) : 

– 1 boite de 500g de crème de marrons
– 1 grosse cuillère de maïzena
– 1 cuillère à soupe de cognac
– 50 g de beurre fondu
– 3 jaunes d oeufs
– 3 blancs d oeufs montés en neige
– une fleur anis étoilé

Préparation :

Mélanger tous les ingrédients les uns après les autres (finir par les blancs montés en neige).

Mettre dans un moule à manqué déposer une fleur anis étoilé.
Enfourné pendant 20 minutes à 180°C (thermostat 6).

gateau_a_la_chataigne

Le 6 janvier : L’épiphanie

L’épiphanie est une fête d’origine païenne. Le cycle d’hiver marqué par le solstice et la naissance des dieux se termine pour laisser place à la lumière. Durant cette période on célébrait les Epiphanes c’est à dire les divinités grecque qui apparaissent aux hommes, comme Apollon dieux solaire, mais aussi Zeus, Athéna, Hermès, Héra, Poséidon, Déméter, Héphaïstos, Aphrodite, Arès, Artémis, Hestia, Dyonisos, Apollon…

Le christianisme a repris cette fête en assimilant la lumière au Christ, puisqu’il est annoncé comme étant « la parole qui éclaire le monde ».

La galette avec sa forme ronde et sa belle couleur dorée rappel le soleil.

galette des rois

Ingrédients (8 personnes):

2 rouleaux de pâtes feuilletées
200 g de poudre d’amandes
100 g de beurre mou
150 g de sucre
2 oeufs
1 jaune d’oeuf
extrait d’amande amère

Préparation :

Préchauffez le four Th.6.

Dans un saladier mélangez le sucre et la poudre d’amande.
Ajoutez les 2 oeufs et quelques gouttes d’amande amère (à peu près 4).
Dans un autre saladier battre le beurre en beurre pommade. Le beurre doit être très mou mais pas liquide.

Ajoutez le beurre à la préparation à l’amande et bien mélanger pour avoir une préparation homogène.

Déroulez un rouleau de pâte feuilletée. Délayez le jaune d’oeuf avec une cuillère à soupe d’eau et badigeonnez le bord de la pâte avec un pinceau.
Déposez la frangipane au centre de la pâte et étalez jusqu’au bord de l’oeuf. Déposez la fève.
Déroulez la 2ème pâte feuilletée sur l’autre préparation.

Bien faire le tour de la frangipane, il ne doit pas y avoir de bulle d’air. Appuyez sur les bords pour les souder.
Avec le côté non coupant d’un couteau, scellez les bord en faisant de petits traits.

Voici maintenant le moment le plus délicat, il faut retourner la galette. En retournant la galette vous aurez une surface plus plate pour passer le jaune d’oeuf et faire les dessins sur le dessus de la galette.
Pensez un faire un trou dans l’une des rainures des dessins pour éviter à la pâte de gonfler.

Enfournez pour 30 minutes. Sortez du four, laissez reposer quelques minutes et dégustez !

 

Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89piphanie

http://leboudoirdelabelleauboisdormant.blogspot.fr/2012/01/galette-des-rois.html

Les gâteaux de la joie selon Hildegarde

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179), abbesse bénédictine,  précurseur de la phytothérapie au moyenne age nous conseille à travers les ages. Elle attache une grande importance à la prévention des maladies et nous transmet ses remèdes dans son ouvrages « Causae et curae ».

 

Hildegarde

Ainsi selon la théorie des 4 humeurs rependue à cette époque, la tristesse et la colère sont la cause de nombreuses malade via la bile noire :

« Chaque fois que l’âme de l’homme ressent en elle et en son corps une blessure, elle contracte le cœur, le foie et leurs veines, soulève une sorte de nuage autour du cœur, le recouvre de ce nuage, et alors l’homme est plein de tristesse ; après la tristesse, surgit la colère. En effet, quand il voit, entend ou pense quelque chose qui provoque sa tristesse, le nuage de tristesse qui a envahi son cœur fait naître une vapeur chaude dans toutes ses humeurs et autour de sa bile, met sa bile en mouvement, et ainsi la colère naît de l’amertume de la bile et s’élève silencieusement. » (Causae et curae)

Sont remède : les gâteaux de la joie.

« Prendre une noix de muscade, un poids égal de cannelle, et un peu de giroflier; réduire en poudre; avec cette poudre, de la fleur de farine et un peu d’eau, faire des petites galettes et en manger souvent: cette préparation adoucit l’amertume du corps et de l’esprit, ouvre le cœur, aiguise les sens émoussés, rend l’âme joyeuse, purifie les sens, diminue les humeurs nocives, apporte du bon suc au sang, et fortifie. »

Hildegarde nous apprend que certains aliments nous donnent la joie ! C’est le cas de l’épeautre qui contient 12 fois plus de magnésium que le blé et qui contient une belle quantité de tryptophane, l’acide aminé essentiel, précurseur de la sérotonine…hormone du bonheur. De plus il contient aussi du GABA (acide gamma amino butyrique) qui lui est un anxiolytique…

Recette des gâteaux de la joie

Les quantités sont pour une quarantaine de biscuits, mais mais pour éviter le gaspillage je vous ai ajouté les quantités  pour une dizaine de biscuits avec les chiffres entre parenthèse.

Ingrédients

épices

  • 500 g (125g) de farine d’épeautre bio,
  • 4 (1) jaunes d’oeufs,
  • 3 g (0,75g) de sel,
  • 180 g (45g) de beurre,
  • 140 g (35g) de sucre de canne,
  • 70 g (17,5g) de miel,
  • 13,5 (3g) gr de cannelle,
  • 13,5 (3g) gr de muscade,
  • 3 gr de clou de girofle (12 clous)

Préparation :

Préchauffer le four à 180°

Faire fondre doucement le beurre,  mélanger y le miel, le sucre, les jaunes d’oeufs, le sel et les épices finement broyés.

Passer la farine au tamis. Incorporer au reste de la pâte et pétrir.

Étaler la pâte sur un plan fariné, y découper les biscuits à l’emporte pièce. Les biscuits seront meilleurs s’ils ne sont pas trop fins et gardent un peu d’épaisseur.

Cuire sur une plaque revêtue de papier sulfurisé  10 à 12 mn en surveillant bien afin de ne pas trop les cuire. Il faut sortir les biscuits encore légèrement mous. Ils durcissent en refroidissant.

gâteaux_de_la_joie

Sources :

http://lesjardinsdhildegarde.com

http://www.ecolesaintehildegarde.com/

http://princesseaupetitpois.over-blog.com/article-3861274.html

« Les causes et les remèdes »  Causae et curae – Hildegarde  Von  Bingen

« Les recettes de la joie » de Mme J. Fournier-Rosset publié aux éditions TEQUI.

LA MANDRAGORE PAR JEAN DE LA FONTAINE

LA MANDRAGORE

NOUVELLE TIRÉE DE MACHIAVEL

Au présent Conte on verra la sottise
D’un Florentin. Il avoit femme prise
Honnête et sage, autant qu’il est besoin,
Jeune pourtant, chi reste toute belle,
Et n’eut-on cru de jouissance telle
Dans le pays, ni même encor plus loin.
Chacun Faimoit, chacun la jugeoit cligne
D’un autre époux; car, quant à celui-ci,
Qu’on appeloit Nicia Calfucci,
Ce fut un sot, en son temps, très insigne.
Bien le montra lorsque, bon gré, mal gré,
Il résolut d’être père appelé;
Crut qu’il feroit beaucoup pour sa patrie
S’il la pouvoit orner de Calfuccis.
Sainte ni Saint n’étoit en Paradis
Qui de ses voeux n’eût la tête étourdie;
Tous ne savoient où mettre ses présents.
11 consultoit Matrones, Charlatans,
Diseurs de mots, experts sur cette affaire ;
Le tout en vain, car il ne put tant faire
Que d’être père. Il étoit buté là,
Quand un jeune homme, après avoir en France
Etudié, s’en revint à Florence,
Aussi leurré qu’aucun de par-delà;
Propre, galant, cherchant par-tout fortune,
Bien fait de corps, bien voulu de chacune.
Il sut dans peu la carte du pays;
Connut les bons et les méchants maris,
Et de quels bois se chauffoient leurs femelles,
Quels surveillants ils avoient mis près d’elles,
Les si, les car, enfin tous les détours ;
Comment gagner les confidents d’amours,
Et la Nourrice, et le Confesseur même,
Jusques au chien. Tout y fait quand on aime;
Tout tend aux fins, dont un seul ïota
N’étant omis, d’abord le personnage
Jette son plomb sur Messer Nicia
Pour lui donner l’Ordre de Cocuage.
Hardi dessein ! L’épouse de léans,
A dire vrai, recevoit bien les gens,
Mais c’était tout; aucun de ses amants
Ne s’en pouvoit promettre davantage.
Celui-ci seul, Callimaque nommé,
Dès qu’il parut, fut très fort à son gré.
Le galant donc près de la forteresse
Assied son camp, vous investit Lucrèce,
Qui ne manqua de faire la tigresse
A l’ordinaire, et l’envoya jouer.
Il ne savoit à quel Saint se vouer
Quand le mari par sa sottise extrême,
Lui fit juger qu’il n’étoit stratagème,
Panneau n’étoit, tant étrange semblât,
Où le pauvre homme à la fin ne donnât
De tout son coeur, et ne s’en affublât.
L’amant et lui, comme étant gens d’étude,
Avaient entre eux lié quelque habitude,
Car Nice étoit Docteur en Droit Canon;
Mieux eût valu l’être en autre science
Et qu’il n’eût pris si grande confiance
En Callimaque. Un jour, au compagnon
Il se plaignit de se voir sans lignée.
A qui la faute? Il étoit vert-galant,
Lucrèce jeune, et drue, et bien taillée.
Lorsque j’étois à Paris, dit l’amant,
Un Curieux y passa d’aventure.
Je l’allai voir : il m’apprit cent secrets,
Entre autres un pour avoir géniture,
Et n’étoit chose, à son compte, plus sûre.
Le Grand Mogol l’avoit avec succès
Depuis deux ans éprouvé sur sa femme;
Mainte Princesse et mainte et mainte Dame
En avoient fait aussi d’heureux essais.
11 disoit vrai; j’en ai vu des effets.
Cette recette est une médecine
Faite du jus de certaine racine
Avant pour nom Mandragore, et ce jus,
Pris par la femme, opère beaucoup plus
Que ne fit onc nulle ombre Monacale
D’aucun Couvent de jeunes Frères plein :
Dans dix mois d’hui je vous fais père enfin,
Sans demander un plus long intervalle;
Et touchez là. Dans dix mois, et devant,
Nous porterons au baptême l’enfant.
-— Dites-vous vrai ? repartit Messer Nice :
Vous me rendez un merveilleux office.

Vrai; je l’ai vu. Faut-il répéter tant?
Vous moquez-vous d’en douter seulement?
Par votre foi, le Mogol est-il homme
Que l’on osât de la sorte affronter ?
Ce Curieux en toucha telle somme
Qu’il n’eut sujet de s’en mécontenter.
Nice reprit : Voilà chose admirable,
Et qui doit être à Lucrèce agréable.
Quand lui verrai-je un poupon sur le sein ?
Notre féal, vous serez le parrain;
C’est la raison ; dès hui je vous en prie.
— Tout doux, reprit alors notre galant;
Ne soyez pas si prompt, je vous en supplie.
Vous allez vite; il faut auparavant
Vous dire tout. Un mal est dans l’affaire;
Mais ici bas put-on jamais tant faire
Que de trouver un bien pur et sans mal ?
Ce jus, doué de vertu tant insigne,
Porte d’ailleurs qualité très maligne;
Presque toujours il se trouve fatal
A celui-là qui le premier caresse
La patiente, et souvent on en meurt.
Nice reprit aussitôt : Serviteur;
Plus de votre herbe, et laissons là Lucrèce
Telle, qu’elle est; bien grand’merci du soin.
Que servira, moi mort, si je suis père?
Pourvoyez-vous de quelque autre compère :
C’est trop de peine; il n’en est pas besoin.
L’amant lui dit : Quel esprit est le vôtre ?
Toujours il va d’un excès dans un autre.
Le grand désir de vous voir un enfant
Vous transportoit naguère d’allégresse.,
Et vous voilà, tant vous avez de presse,
Découragé sans attendre un moment.
Oyez le reste, et sachez que Nature
A mis remède à tout, fors à la mort.
Qu’est-il de faire afin que l’aventure
Nous réussisse, et qu’elle aille à bon port ?
Il nous faudra choisir quelque jeune homme
D’entre le peuple, un pauvre malheureux,
Qui vous précède au combat amoureux,
Tente la voie, attire et prenne en somme
Tout le venin : puis, le danger ôté,
Il conviendra que de votre côté
Vous agissiez sans tarder davantage :
Car soyez sûr d’être alors garanti.
Il nous faut faire in anima vili
Ce premier pas, et prendre un personnage
Lourd et de peu, mais qui ne soit pourtant
Mal fait de corps, ni par trop dégoûtant,
Ni d’un toucher si rude et si sauvage
Qu’à votre femme un supplice ce soit.
Nous savons bien que Madame Lucrèce,
Accoutumée à la délicatesse
De Nicia, trop de peine en auroit.
Même il se peut qu’en venant à la chose
Jamais son coeur n’y voudroit consentir.
Or ai-je dit un jeune homme, et pour cause;
Car plus sera d’âge pour bien agir,
Moins laissera de venin, sans nul doute ;
Je vous promets qu’il n’en laissera goutte.
Nice d’abord eut peine à digérer
L’expédient, allégua le danger,
Et l’infamie; il en seroit en peine;
Le Magistrat pourroit le rechercher
Sur le soupçon d’une mort si soudaine.
Empoisonner un de ses Citadins !
Lucrèce étoit échappée aux blondins ;
On Falloit mettre entre les bras d’un rustre !
Je suis d’avis qu’on prenne un homme illustre,
Dit Callimaque, ou quelqu’un qui bientôt
En mille endroits cornera le mystère!
Sottise et peur contiendront ce pitaud;
Au pis aller, l’argent le fera taire.
Votre moitié n’ayant lieu de s’y plaire,
Et le coquin même n’y songeant pas,
Vous ne tombez proprement dans le cas
D’un cocuage. Il n’est pas dit encore
Qu’un tel paillard ne résiste au poison.,
Et ce nous est une double raison
De le choisir tel que la Mandragore
Consume en vain sur lui tout son venin :
Car, quand je dis qu’on meurt, je n’entends dire
Assurément. Il vous faudra demain
Faire choisir sur la brune le Sire,
Et dès ce soir donner la potion ;
J’en ai chez moi de la confection.
Gardez-vous bien au reste, Messer Nice,
D’aller paroître en aucune façon.
Ligurio choisira le garçon ;
C’est là son fait, laissez-lui cet office.
Vous vous pouvez fier à ce valet
Comme à vous-même ; il est sage et discret.
J’oublie encor que pour plus d’assurance
On bandera les yeux à ce paillard;
11 ne saura qui, quoi, n’en quelle part,
N’en quel logis, ni si dedans Florence,
Ou bien dehors, on vous l’aura mené.
Par Nicia le tout fut approuvé.
Restoit sans plus d’y disposer sa femme.
De prime face elle crut qu’on rioit ;
Puis se fâcha ; puis jura sur son ame
Que mille fois plutôt on la tueroit.
Que diroit-on si le bruit en couroit ?
Outre l’offense et péché trop énorme,
Calfuce et Dieu savoient que de tout temps
Elle avoit craint ces devoirs complaisants,
Qu’elle enduroit seulement pour la forme.
Puis il viendroit quelque mâtin difforme
L’incommoder, la mettre sur les dents !
Suis-je de taille à souffrir toutes gens ?
Quoi ! Recevoir un pitaud dans ma couche!
Puis-je y songer qu’avecque du dédain?
Et, par Saint Jean! ni pitaud, ni blondin,
Ni Roi, ni Roc, ne feront qu’autre touche,
Que Nicia, jamais one à ma peau.
Lucrèce étant de la sorte arrêtée,
On eut recours à Frère Timothée :
Il la prêcha, mais si bien et si beau
Qu’elle donna les mains par pénitence.
On l’assura de plus qu’on choisiroit
Quelque garçon
d’honnête corpulence,
Non trop rustaud, et qui ne lui feroit
Mal ni dégoût. La potion fut prise.
Le lendemain notre amant se déguise,
Et s’enfarine en vrai Garçon Meunier:
Un faux menton, barbe d’étrange guise ;
Mieux ne pouvoit se métamorphoser.
Ligurio, qui de la faciende
Et du complot avoit toujours été,
Trouve l’amant tout tel qu’il le demande
Et, ne doutant qu’on n’y fût attrapé,
Sur le minuit le mené à Messer Nice,
Les yeux bandés, le poil teint, et si bien
Que notre époux ne reconnut en rien
Le compagnon. Dans le lit il se glisse
En grand silence ; en grand silence aussi
La patiente attend sa destinée,
Bien blanchement, et ce soir atournée.
Voire ce soir ! Atournée ! Et pour qui ?
Pour qui ? J’entends ; n’est-ce pas que la Dame
Pour un Meunier prenoit trop de souci?
Vous vous trompez; le sexe en use ainsi;
Meuniers ou Rois, il veut plaire à toute ame.
C’est double honneur, ce semble, en une femme,
Quand son mérite échauffe un esprit lourd,
Et fait aimer les coeurs nés sans amour.
Le travesti changea de personnage
Sitôt qu’il eut Dame de tel corsage
A ses côtés, et qu’il fut dans le lit,
Plus de Meunier. La galande sentit
Auprès de soi la peau d’un honnête homme,
Et ne croyez qu’on employât au somme
De tels moments. Elle disoit tout bas :
Qu’est-ce ci donc ? Ce compagnon n’est pas
Tel que j’ai cru; le drôle a la peau fine :
C’est grand dommage ; il ne mérite, hélas !
Un tel destin ; j’ai regret qu’au trépas
Chaque moment de plaisir l’achemine.
Tandis l’époux, enrôlé tout de bon,
De sa moitié plaignoit bien fort la peine.
Ce fut avec une fierté de Reine
Qu’elle donna la première façon
De cocuage; et, pour le décoron,
Point ne voulut y joindre ses caresses.
A ce Garçon la perle des Lucreces
Prendroit du goût ! Quand le premier venin
Fut emporté, notre amant prit la main
De sa maîtresse, et de baisers de flammée
La parcourant : Pardon, dit-il, Madame ;
Ne vous fâchez du tour qu’on vous a fait
C’est Callimaque ; approuvez son martyre :
Vous ne sauriez ce coup vous en dédire ;
Votre rigueur n’est plus d’aucun effet.
S’il est fatal toutefois que j’expire,
J’en suis content. Vous avez dans vos mains
Un moyen sûr de me priver de vie,
Et le plaisir, bien mieux qu’aucuns venins,
M’achèvera ; tout le reste est folie.
Lucrèce avoit jusques-là résisté,
Non par défaut de bonne volonté,
Ni que l’amant ne plût fort à la belle ;
Mais la pudeur et la simplicité
L’avoient rendue ingrate en dépit d’elle.
Sans dire mot, sans oser respirer,
Pleine de honte et d’amour tout ensemble,
Elle se met aussitôt à pleurer.
A son amant peut-elle se montrer
Après cela ? Qu’en pourra-t-il penser ?
Dit-elle en soi, et qu’est-ce qu’il lui semble ?
J’ai bien manqué de courage et d’esprit.
Incontinent un excès de dépit
Saisit son coeur, et fait que la pauvrette
Tourne la tête, et vers le coin du lit
Se va cacher, pour dernière retraite.
Elle y voulut tenir bon; mais en vain;
Ne lui restant que ce peu de terrain,
La Place fut incontinent rendue.
Le vainqueur l’eut à sa discrétion;
Il en usa selon sa passion :
Et plus ne fut de larme répandue,
Honte cessa ; scrupule autant en fit.
Heureux sont ceux qu’on trompe à leur profit!
L’aurore vint trop tôt pour Callimaque,
Trop tôt encor pour l’objet de ses voeux.
Il faut, dit-il, beaucoup plus dune attaque
Contre un venin tenu si dangereux.
Les jours suivants notre couple amoureux
Y sut pourvoir; l’époux ne tarda gueres
Qu’il n’eût atteint tous ses autres confrères.
Pour ce coup-là fallut se séparer.
L’amant courut chez soi se recoucher.
A peine au lit il s’étoit mis encore
Que notre époux, joyeux et triomphant,
Le va trouver, et lui conte comment
S’étoit passé le jus de Mandragore.
D’abord, dit-il, j’allai tout doucement
Auprès du lit écouter si le sire
S’approcheroit, et s’il en voudroit dire ;
Puis je priai notre épouse tout bas
Qu’elle lui fit quelque peu de caresse,
Et ne craignît de gâter ses appas ;
C’étoit au plus une nuit d’embarras.
Et ne pensez, ce lui dis-je, Lucrèce,
Ni l’un ni l’autre en ceci me tromper;
Je saurai tout ; Nice se peut vanter
D’être homme à qui l’on en donne à garder.
Vous savez bien qu’il y va de ma vie :
N’allez donc point faire la renchérie ;
Montrez par-là que vous savez aimer
Votre mari plus qu’on ne croit encore ;
C’est un beau champ. Que si cette pécore
Fait le honteux, envoyez sans tarder
M’en avertir, car je me vais coucher,
Et n’y manquez; nous y mettrons bon ordre.
Besoin n’en eus ; tout fut bien jusqu’au bout.
Savez-vous bien que ce rustre y prit goût ?
Le drôle avoit tantôt peine à démordre.
J’en ai pitié; je le plains, après tout.
N’y songeons plus; qu’il meure, et qu’on l’enterre.
Et quant à vous, venez nous voir souvent.
Nargue de ceux qui me faisoient la guerre ;
Dans neuf mois d’hui je leur livre un enfant.

Source :

CONTES ET NOUVELLES EN VERS.
PAR JEAN DE LA FONTAINE.
TOME SECOND.

 

 

 

LA MANDRAGORE Que de faussetés..

Que de faussetés concernant cette plante narcotique !

1° Sa racine ressemble à la figure de l’homme.
2° Elle croit au-dessous des gibets des pendus.
3° Sa racine pousse un cri quand on l’arrache.
4° Elle porte malheur à ceux qui la déracinent : leur mort est prochaine.
5° Circé n’opérait des choses extraordinaires qu’à l’aide des vertus do cette mandragore (1).

Les progrès de la science ont fait justice de toutes ces erreurs. Nous en dirons autant de la canelle, du gingembre, du clou de girofle, de la noix de muscade, qui, croyait-on, étaient le fruit d’un même arbre; du gui provenant des semences que certains oiseaux, surtout la grive et le ramier, laissent tomber sur les arbres; Virgile, Pline et plusieurs autres lui attribuent la même origine.
Quand aux vertus magiques attribuées à cette plante parasite citée en dernier, et qui naît sur les branches de certains arbres, il faut se reporter aux Druides, prêtres gaulois, qui avaient un respect particulier pour le chêne et pour le gui, qu’ils recueillaient avec un cérémonial que Pline a décrit.
Le grand-prêtre montait sur l’arbre, coupait ce gui avec une serpe d’or, et le recevait dans la robe blanche dont il était revêtu. A partir de ce moment, l’objet coupé était un objet sacré et devenait un antidote universel. Pendant longtemps, on a cru que ce végétal guérissait les épilepsies.

Puisque nous en sommes à certaines plantes qui avaient, disait-on, la propriété d’opérer des guérisons, citons le bugle (labiée) et le sanicle (ombellifère)
en l’honneur desquels on avait composé le dicton :
Avec le bugle et la sanicle
On fait au chirurgien la nique.

C’est qu’en effet les croyances populaires lui attribuaient la propriété d’arrêter les hémorragies,etc.
Parlerons-nous de la rose de Jéricho, si célèbre parmi les chrétiens, rose qui, disaient les imposteurs, refleurissait tous les ans à la veille de Noël?
De la lunaria qui rompait les serrures, et faisait tomber les fers des chevaux qui passaient dessus?
Du laurier femelle, du figuier, de Faigle, de la peau du veau-marin qui préservaient du tonnerre et des éclairs, alors qu’on montrait en Italie un laurier brûlé par la foudre!…

La frayeur causée par le bruit du tonnerre nous rappelle que l’empereur Auguste se cachait dans des souterrains pour se garantir de la foudre, alors que Tibère, au contraire, se posait en fanfaron en se plaçant sur la tête une couronne de laurier bravant ainsi la foudre (2).

Il y aurait tout un volume à écrire, si on voulait passer en revue les plantes dites médicinales aux temps des anciens : le camphre, Yherbe de Saint-Jean, Yherbe de Saint-Pierre, Yherbe de Saint’ Jacques ou de Saint-Joseph, celle de Marie ou de Barbe; Yherbe de la Trinité, le basilic douées, plus ou moins, de vertus extraordinaires.

A propos de plantes, on a cru pendant longtemps qu’une certaine eau extraite de la belladono était infaillible pour faire disparaître les taches de la peau et entretenir la blancheur du teint. Hélas !

elle serait bien préférable à toutes ces eaux artificielles qui, prétend-on, ont la vertu de préserver les femmes des rides du visage; à ces eaux qui servent à teindre spontanément, en beau noir, les cheveux gris, les barbes grises, etc. Méfiez-vous de toutes ces compositions chimiques qui renferment plus ou moins de plomb, substance extrêmement dangereuse.

—————–
(1) Célèbre magicienne de la Fable, souvent citée dans l’Odgssèc d’Homère.

(2) On croyait que lo laurier l’attirait.

Source :

ERREURS SCOLAIRES
E.-A. Tarnier

Des Mandragores – Petit Albert

Quoique la plupart des villageois vivent dans l’ignorance et dans une espèce de stupidité grossière, néanmoins ils ont de certaines connaissances pratiques qui donnent de l’admiration par les effets qui en sont produits. Je me souviens d’avoir logé chez un riche paysan qui avait été autrefois fort pauvre et misérable, si bien qu’il était contraint de travailler à la journée pour les autres, et comme je l’avais connu dans le temps de sa misère, je pris l’occasion de lui demander ce qu’il avait fait pour devenir riche en si peu de temps. Il me dit qu’ayant empêché qu’une bohémienne ne fût battue et malmenée, pour avoir dérobé quelques poulets, elle lui avait appris le secret de faire une Mandragore, et que, depuis ce temps-là, il avait toujours prospéré, de bien en mieux, et qu’il ne se passait guère de jour qu’il ne trouvât quelque chose. Et voici de quelle manière la bohémienne lui avait enseigné de faire une Mandragore.

Il faut prendre une racine de bryonia, qui approche de la figure humaine ; on la sortira de terre un lundi, dans le printemps, lorsque la lune est dans une heureuse constellation, soit en conjonction avec Jupiter ou en aspect aimable avec Vénus ; l’on coupe les extrémités de cette racine, comme font les jardiniers quand ils veulent transplanter une plante ; puis on doit l’enterrer dans un cimetière au milieu de la fosse d’un homme mort,  et l’arroser, avant le soleil levé, pendant un mois, avec du petit lait de vache dans lequel on aura noyé trois chauves souris. Au bout de ce temps on la retire de terre et on la trouvé plus ressemblante à la figure humaine ; on la fait chauffer dans un four chauffé avec de la verveine et on la garde enveloppée dans un morceau de linceul, qui ait servi à envelopper un mort. Tant que l’on est en possession de cette mystérieuse racine, on est heureux, soit à trouver quelque chose dans le chemin, soit à gagner dans le jeu de hasard, soit en trafiquant, si bien que l’on voit tous les jours augmenter sa chevance. Voilà de quelle manière le paysan me conta, fort naïvement, qu’il était devenu riche.

Il y a des Mandragores d’une autre espèce et que l’on prétend être des farfadets, lutins, ou esprits familiers, et qui servent à plusieurs usages ; quelques-uns sont visibles sous la figure d’animaux et d’autres invisibles.

Je me suis trouvé dans un château où il y en avait un qui, depuis six ans, avait pris soin de gouverner une horloge et d’étriller les chevaux ; il s’acquittait de ces deux choses avec toute l’exactitude que l’on pouvait souhaiter, et je fus curieux, un matin, de voir ce manège ; mon étonnement fut grand de voir courir l’étrille sur la croupe du cheval, sans être conduite par aucune main visible ; le palefrenier me dit qu’il s’était attiré ce farfadet à son service en prenant une petite poule noire, qu’il avait saignée dans un grand chemin croisé, et que, du sang de la poule, il avait écrit sur un petit morceau de papier : « Bérit fera ma besogne, « pendant vingt ans, et je le récompenserai. » Et qu’ayant enterré la poule à un pied de profondeur, le même jour le farfadet avait pris soin de l’horloge et des chevaux et que, de temps en temps, il faisait des trouvailles qui lui valaient quelque chose.

C’est un entêtement où plusieurs personnes sont de croire que ce qu’ils appellent Mandragore leur paie un certain tribut chaque jour, comme un écu d’une pistole, plus ou moins. Je n’ai jamais ouï dire cela qu’à des personnes de petit jugement, et tous ceux qui m’en ont parlé, avec plus de ressemblance, ne m’ont dit autre chose, sinon que, quand on a attiré ces sortes de Mandragores à son service, on est heureux au jeu, on trouve, dans les chemins, de l’argent ou des joyaux, et que quelquefois, durant le sommeil, on est inspiré d’aller dans des endroits où l’on doit trouver quelque chose.

Je finirai cette matière par le récit d’une Mandragore que j’ai vue à Metz, entre les mains d’un riche juif. C’était un petit monstre semblable à la figure d’un petit vieux mal bâti ; elle n’était pas plus grosse que le poing ; ce petit monstre n’avait rien que cinq semaines et dans si peu de temps avait fait la fortune de ce juif, qui m’avoua que le septième jour qu’il l’eut, il avait été inspiré, la nuit, en dormant, d’aller dans une vieille masure où il trouva une somme fort considérable d’argent monnayé et beaucoup de bijoux d’orfèvrerie cachés en terre, et que depuis il avait toujours prospéré dans ses affaires. Il m’étonna bien en me disant de quelle manière il avait eu cette Mandragore. J’ai suivi, me dit-il, ce que le célèbre Avicenne a écrit sur ce sujet : qu’il faut avoir un gros œuf de poule noire, le percer, en faire sortir un peu de la glaire, c’est-à-dire environ de la grosseur d’une fève, et l’ayant rempli de semence humaine, on bouchera le pertuis bien subtilement, en y coulant un petit morceau de parchemin humecté, puis on le met couver au premier jour de la lune de mars, dans une heureuse constellation de Mercure et de Jupiter, et au bout du temps convenable ; l’œuf venant à éclore, il en sort un petit monstre, comme vous le voyez ; on le nourrit dans une chambre secrète, avec de la graine d’aspic et dés vers de terre. Celui que vous voyez n’a rien que l’espace d’un mois et cinq jours, et pour le conserver, après sa mort, on le met dans un bocal de verre fort, avec de bon esprit-de-vin, bien bouché.

Source : Petit Albert

Bain avant un rituel pour accroître les pouvoirs psychiques

  • 3 parts de Romarin
  • 3 parts de Pétales d’Oeillet (ou de Rose)
  • 2 parts de Racine de Galangal écrasée
  • 2 parts de Cannelle
  • 1 part de Gingembre

Mélangez et placez le tout dans un pot. Lorsque vous en aurez besoin mettez une bonne poignée dans un sachet à thé ( ou une gaz fermée avec une corde) et laissez le tremper dans le bain.

Bain pour augmenter vos habiletés psychiques

  • 3 feuilles de basilic fraîches
  • 7 gouttes d’huile essentielle de violette

ou

  • 5 gouttes d’huile essentielle de bois de santal
  • 3 gouttes d’huile essentielle de pin
  • 1 c. à thé de racine de mandragore finement broyée

A mélanger à un huile de base. Ajoutez à l’eau de votre bain chaud. Il est à noter que ce bain peut servir avant un rituel ayant le même but

Bain de désintoxication

  • 30 gouttes d’huile d’amande douce
  • 10 gouttes d’huile essentielle de genièvre
  • 5 gouttes d’huile essentielle de lavande

A mélanger à un huile de base. Ajoutez à l’eau de votre bain chaud. Il est à noter que ce bain peut servir avant un rituel ayant le même but.

Bain pour contraindre les insomnies et pour relaxer

  • 5 gouttes d’huile essentielle de marjolaine ou de camomille
  • 10 gouttes d’huile essentielle de lavande
  • 30 gouttes d’huile d’amande douce

A mélanger à un huile de base. Ajoutez à l’eau de votre bain chaud. Il est à noter que ce bain peut servir avant un rituel ayant le même but.